Soins de la peau

Galderma Group AG : Un grand potentiel dans le domaine des soins de la peau

Les grandes introductions en bourse ne sont pas monnaie courante sur le marché suisse. C’est pourquoi l’introduction en bourse de Galderma, il y a quelques semaines, a suscité beaucoup d’intérêt. La société de dermatologie, en perte de vitesse avant la pandémie, a connu une relance spectaculaire grâce à sa transition vers le fonds EQT. Les perspectives ont en tout cas convaincu les investisseurs professionnels, ce qui nous donne l’occasion de décrypter cette entreprise – ce qui ne réduit pas exactement la surreprésentation de l’industrie pharmaceutique à Zurich.

Dans cet article :

  • Galderma a réalisé avec succès son introduction en bourse à la Bourse de Zurich après avoir pris un nouvel élan grâce à l’entrée d’EQT.
  • Galderma se présente comme pur Acteurs purs en dermatologie, tant dans le domaine thérapeutique qu’esthétique.
  • La valorisation élevée se justifie par un positionnement unique et une courbe de croissance solidement ancrée.
  • Deux facteurs pourraient accélérer le développement : le némolizumab et le marché des traitements de compensation esthétique dans les thérapies anti-obésité.

Galderma est née en 1981 du partenariat insolite entre Nestlé et L’Oréal. Les deux sociétés étaient liées financièrement depuis 1974, lorsque la famille Bettencourt, craignant une nationalisation ou un rachat, frappa à la porte du géant veveysan. Mais la création de Galderma résulte davantage de la volonté de diversification du duo. À la fin des années 1970, L’Oréal et Nestlé s’intéressent chacun à la dermatologie, mais indépendamment l’un de l’autre. En 1981, les deux sociétés décident d’unir leurs forces et fondent Galderma. En 2014, le groupe suisse a racheté les actions de la société française sur la base d’une valeur d’entreprise de 3,1 milliards d’euros, tout en poursuivant ses ambitions dans le domaine des soins de la peau. Galderma est devenue la pierre angulaire de Nestlé Skin Health, une division créée dans le cadre d’une tentative d’expansion des opérations. Nestlé a également intégré sa filiale de soins de la peau pour bébés, Bübchen, dans la division.

Cependant, le parcours de diversification a été de courte durée. Le groupe suisse cherchait déjà un repreneur pour sa division Skin Health en 2018. Le fonds suédois EQT a remporté la course en 2019. Même si l’expérience opérationnelle n’a pas été convaincante, Nestlé s’en est plutôt bien sorti financièrement : EQT a payé 10,2 milliards de francs (9,4 milliards d’euros à l’époque).

Une bouffée d’air frais à tous les niveaux

EQT a entrepris une profonde restructuration, notamment au niveau de la direction. Galderma avait déjà commencé à diversifier ses positions avant le rachat du fonds, notamment dans le secteur des injections esthétiques, un marché en plein essor. Le repreneur a trouvé un terrain fertile pour enclencher une nouvelle dynamique. La direction opérationnelle a été confiée à Flemming Ørnskov (CEO), épaulé par Thomas Dittrich (CFO). Le duo a dirigé l’opération Galderma chez EQT avant de prendre la barre. Elle possède une vaste expérience dans l’industrie et le secteur pharmaceutique. Plusieurs postes clés (direction de production, R&D, direction de division) ont été renouvelés en parallèle. Dans le même temps, des investissements importants ont été réalisés dans la technologie et dans le développement des ventes en ligne.

Cétaphile

La gamme Cetaphil

Galderma se spécialise désormais dans trois domaines clés de la dermatologie :

  • Esthétique injectable (injections cosmétiques) : Avec un chiffre d’affaires de 2,1 milliards USD en 2023 (52 % du chiffre d’affaires consolidé), Galderma est le deuxième fournisseur mondial dans ce domaine. Ses produits franchisés les plus importants sont les neuromodulateurs (Dysport, Alluzience) et les fillers et biostimulateurs (Restylane, Sculptra).
  • Soins dermatologiques : Cette division a généré un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars (30 % du chiffre d’affaires) en 2023 et s’appuie sur la marque Cetaphil, fondée aux États-Unis après la guerre. Elle comprend également Alastin, une marque de soins de la peau haut de gamme vendue par des dermatologues.
  • Dermatologie thérapeutique : Le troisième pilier du groupe génère un chiffre d’affaires annuel de 0,7 milliard de dollars (18 % du chiffre d’affaires total). Il se concentre sur les médicaments sur ordonnance et en vente libre pour traiter les affections cutanées telles que l’acné et la rosacée. La division développe également le Nemolizumab, un traitement prometteur contre les maladies dermatologiques.

Un joueur bien placé

Le marché aime les pure player, c’est-à-dire les entreprises qui se concentrent sur une seule spécialité. Il les apprécie d’autant plus qu’ils ne sont pas nombreux à travailler dans leur domaine de prédilection. Galderma répond aux deux critères. Autre double avantage, le groupe détient des positions fortes dans les deux grands domaines de la dermatologie : le traditionnel (traitement des problèmes de peau) et le moderne (esthétique et bien-être).

La dynamique du marché des soins de la peau est solide, portée par un triple moteur. D’une part, la sensibilisation accrue des consommateurs à la beauté (effet réseaux sociaux). D’une part, la sensibilité accrue des consommateurs à la beauté (effet réseaux sociaux). D’autre part, la démocratisation des soins esthétiques et, à terme, l’élargissement de la clientèle grâce à la croissance de la classe moyenne mondiale. Surtout, cette clientèle est habituée à consacrer une partie de son budget à ce type de soins, ce qui la rend insensible aux effets traditionnels du remboursement (ou du non-remboursement) par les systèmes de santé. Selon les analystes, le marché de la dermatologie connaît une croissance annuelle de 6 à 9 %.

Restylane

Le filler Restylane

Galderma, présent de longue date dans le secteur dermatologique, dispose d’un réseau de distribution dense et d’une force de marque indéniable. C’est un avantage non négligeable par rapport aux acteurs moins intégrés ou plus généralistes, mais aussi pour l’effet cross-sell. Il existe en effet une demande poreuse entre les différentes divisions.

Enfin, l’entreprise réalise 48 % de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, ce qui lui garantit une large exposition à un marché très dynamique (il est d’ailleurs reporté en dollars).

Cher, mais pas injustifié

De ce qui précède, il résulte que l’entreprise est généreusement valorisée. Cependant, au-delà du récit euphorique et du peaufinage comptable inhérents à toute introduction en bourse, Galderma conserve un atout crédible : son business plan avec une visibilité raisonnable. Le groupe prévoit d’atteindre une croissance annuelle de ses ventes de plus de 10 % au cours des quatre prochaines années. Les mesures de rationalisation mises en œuvre depuis l’entrée d’EQT devraient assurer une marge opérationnelle durablement supérieure à 20% et en légère augmentation constante.

Pour 2026, les analystes prévoient des revenus de 5,67 milliards de dollars, un EBITDA de 1,43 milliard de dollars et des bénéfices en espèces de 674 millions de dollars, ce qui donne à l’entreprise un multiple EV/EBITDA de 14 fois et un multiple de bénéfices de 27 fois basé sur la capitalisation boursière actuelle. Ces multiplicateurs sont nettement supérieurs à ceux des grands laboratoires pharmaceutiques, mais comparables à ceux des acteurs des domaines thérapeutiques spécialisés ou thérapeutiques-esthétiques (Align, Sonova…) ainsi qu’à ceux du secteur de la beauté grand public (L’Oréal). , Beiersdorf… ) était debout. Nous verrons ci-dessous que le groupe dispose d’un atout qui pourrait renforcer son attractivité à long terme et d’un second qui offre de belles perspectives.

Les produits sont de haute qualité pour Alastin

Fait partie de la gamme Alastin

La performance des bénéfices semble bien maîtrisée, mais certains vents contraires ne peuvent être ignorés. Premièrement, l’entreprise est exposée aux fluctuations des taux de change car ses revenus en dollars sont supérieurs à ses coûts en dollars. Ce n’est pas un gros problème, mais il existe. Plus problématique est le niveau d’endettement relativement élevé et ses coûts élevés, notamment par rapport au secteur de la santé, habitué à déployer ses muscles défensifs pour se financer à faible coût. La bonne nouvelle est qu’une solide génération de cash-flow améliorera rapidement la situation. Parallèlement, Galderma dispose probablement de moins de moyens de frappe que ses homologues pour investir dans la croissance externe ou rémunérer ses actionnaires. Dernier point, plus technique : EQT détient toujours 77% du capital et n’a pas l’intention de le rester éternellement. Il est connu que les placements de titres provoquent généralement certaines turbulences liées à l’absorption des titres.

Passons maintenant à une section bonus qui couvre deux opportunités intéressantes pour l’entreprise.

Deux changements de jeu ? Némolizumab et anti-obésité

Galderma a un atout en réserve pour l’avenir : le némolizumab (Nemo). Cette licence, acquise auprès de Chugai (hors Japon et Taiwan), concerne un anticorps monoclonal efficace dans certaines maladies dermatologiques (dermatite atopique, prurigo). L’autorisation de mise sur le marché a déjà été accordée au titulaire local de Chugai, Maruho, au Japon en 2022. Galderma a soumis des demandes pour les deux indications aux États-Unis et en Europe, avec un lancement prévu début 2025. Les analystes estiment que Nemo est un blockbuster potentiel car il possède des spécificités qui lui permettront de rivaliser avec les stars de l’industrie. La direction a exprimé une relative confiance quant à l’approbation. Elle a également dissipé les doutes de certains analystes sur sa capacité à commercialiser un produit biologique (et pas une simple crème, pour le dire trivialement) en rappelant que sa force de vente est solide et habituée à s’adresser à une clientèle médicale à son tour. A noter : La société communique séparément les coûts associés à Nemo, car il s’agit d’un actif qui nécessitera dans un premier temps un investissement important s’il était mis sur le marché.

Il existe un autre moteur de croissance qui en est encore à ses balbutiements mais qui pourrait être potentiellement puissant. Galderma a commencé des essais pour déterminer si une combinaison de ses produits Sculptra (biosimulateur) et Restylane (agent de remplissage) est capable de réduire certains des effets ressentis par les patients traités avec des médicaments anti-obésité GLP-1 – tels que le relâchement cutané et le vieillissement prématuré de la peau. la face. Une évolution certainement à suivre, compte tenu du développement impressionnant de ce marché.

En quelques mots … Renforcer

  • Un acteur unique exposé à la fois dans les secteurs des soins esthétiques et thérapeutiques de la peau
  • Un marché adressable en croissance constante et solide
  • Un réalignement réussi, mené par un management expérimenté

faiblesses

  • L’article
  • Le coût de la dette
  • Un actionnaire majoritaire qui n’entend pas rester durablement au capital

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